Une statistique implacable circule chez les botanistes : plus de la moitié des insectes rencontrés dans un jardin ne s’intéressent absolument pas à la lavande. Pourtant, certains s’y pressent, d’autres s’en détournent avec une régularité qui intrigue. Les huiles essentielles de cette plante n’agissent pas comme une barrière universelle, elles trient, elles sélectionnent, elles laissent passer ou repoussent, selon des logiques qui échappent parfois à l’intuition. Loin des généralisations, la lavande révèle un paysage complexe, où chaque espèce d’insecte a ses préférences, ses stratégies, ses incompatibilités.Cette disparité biologique influence la gestion de la lavande et le choix des méthodes d’entretien. L’identification précise des insectes concernés permet d’adapter les pratiques, tant pour la protection de la plante que pour l’alimentation de pensionnaires particuliers.
La lavande, une plante aux multiples interactions avec les insectes
Dans les champs de lavande que l’on voit s’étendre en France ou ailleurs en Europe, la plante devient un véritable carrefour pour la faune volante. Sur chaque épi aux reflets violets, les abeilles domestiques collectent le nectar, travailleuses méthodiques du vivant. Les bourdons, plus trapus, font vibrer l’air, parfois en concurrence avec les abeilles solitaires, minuscules mais tout aussi efficaces. Chacun contribue à la pollinisation et au cycle de renouvellement de la flore.
Mais la lavande ne partage pas son nectar à tous les insectes. Elle fascine certains pollinisateurs, tandis que d’autres lui préfèrent le romarin ou d’autres fleurs du jardin. La diversité florale, la localisation (du sud au nord), la nature de la culture (bio ou classique) modifient la liste des visiteurs. De plus en plus de cultivateurs associent lavande et autres plantes mellifères pour attirer plus d’espèces, préserver les populations d’abeilles et maintenir la diversité d’une année à l’autre.
La lavande, c’est bien davantage qu’une belle odeur. Elle joue un rôle structurant dans la santé du jardin, supporte les abeilles domestiques, bourdons, auxiliaires discrets ou sauvages et façonne l’équilibre de la biodiversité environnante.
Quels insectes n’aiment vraiment pas la lavande ?
Dans les régions méridionales, la lavande attire l’attention des abeilles et des bourdons, mais elle tient en respect d’autres pensionnaires. Sa présence massive agit comme une sorte de filtre naturel. Certains insectes nuisibles préfèrent contourner la plante. Les moustiques la fuient. Plusieurs études le confirment : l’arôme puissant de ses huiles essentielles leur déplaît et les tient à distance.
D’autres indésirables, comme les punaises de lit, ne trouvent aucun intérêt à la lavande. Les blattes et les mites aussi s’en éloignent, préférant les coins sombres et protégés, loin des senteurs volatiles. Quant au poisson d’argent, amateur d’humidité et de débris organiques, il se montre indifférent à la lavande, la considérant à peine.
Voici qui sont les insectes les moins attirés par la lavande, ainsi que les raisons :
- Moustique : l’odeur et les composés aromatiques les repoussent
- Punaise de lit : aucune attirance pour la plante
- Blatte, mite, poisson d’argent : soit évitent, soit restent neutres
Cette capacité à décourager certains visiteurs indésirables explique la présence de la lavande dans de nombreux sachets et produits ménagers. Elle offre une solution naturelle, limitant la venue d’insectes rampants ou noirs, et permet d’éviter l’utilisation de substances chimiques. Une touffe de lavande suffit bien souvent à conserver un intérieur ou un jardin plus serein, moins envahi par ceux que l’on ne veut pas voir.
Conseils pour bien nourrir et protéger vos pensionnaires inconnus
Quand la biodiversité s’anime, chaque abeille domestique, bourdon ou abeille solitaire réclame son coin de paradis. Pour que ces espèces s’installent durablement, la diversité florale joue un rôle décisif. La lavande aide, mais seule, elle ne nourrit pas tous les besoins. Ajouter à vos massifs d’autres variétés florifères garantit une source de pollen et de nectar du printemps à la fin de l’été.
Les abris sont presque aussi importants que la nourriture. Branchages, vieilles souches, pierres, touffes d’herbes folles : ces cachettes donnent refuge aux auxiliaires. Les abeilles solitaires cherchent par exemple des tiges creuses ou des trous dans la terre. Fabriquer ou installer un hôtel à insectes artisanal, bien placé, encourage ces visites précieuses.
Voici quelques conseils simples pour accueillir davantage d’insectes alliés autour de la lavande :
- N’utilisez aucun produit chimique, même d’origine bio, car la vie utile y est sensible.
- Favorisez la richesse végétale et faites tourner les espèces florales sur plusieurs saisons.
Accueillir un brin de sauvage, oublier de tondre partout, c’est inviter bourdons, abeilles et auxiliaires à s’installer pour de bon. Plus le jardin tolère la nature, plus il devient vivant. Dans cet univers, tout (ou presque) finit par trouver sa place.
Culture de la lavande : astuces pour favoriser la biodiversité au jardin
La lavande ne se limite pas à sa senteur ou à ses couleurs qui évoquent Marseille ou le Nord de la France. C’est un point de ralliement pour les pollinisateurs à toutes les étapes de la saison chaude. Mais créer un îlot de vie autour de cette plante demande d’aller plus loin que sa simple multiplication en massif.
Associer la lavande à d’autres espèces à floraison décalée, comme les cosmos, les achillées ou les campanules, étoffe le menu proposé aux insectes. Ainsi, le garde-manger s’étend sur une longue période. Installer un hôtel à insectes à proximité favorise aussi l’installation de petites abeilles solitaires ou d’auxiliaires qu’on ne remarque pas toujours.
Pour faire de la lavande un point névralgique de biodiversité, quelques actions concrètes se révèlent efficaces :
- Utilisez des produits bio pour l’entretien et bannissez totalement les insecticides chimiques, aussi tentants soient-ils : leur effet sur la petite faune est conséquent.
- Ménagez des coins de bois mort ou de roches pour offrir des abris naturels aux insectes du jardin.
Le climat local joue son rôle : soleil, sol drainé, plantations groupées forment la combinaison idéale. Puis, selon la zone d’Europe, on ajuste les quantités et on ose mélanger les variétés pour que chaque insecte ait sa chance. Le résultat ? Un espace vivant, dynamique, où la lavande agit en véritable locomotive du vivant.
Quand la lavande se mêle au décor, les insectes font leur choix. Et l’équilibre du jardin, lui, gagne en générosité, à chaque saison.


